Annie colère, +++++ ♥♥

•Sortie France le : 30 novembre 2022 __ Vu le : 2 décembre 2022
•Synopsis et bande-annonce : anniecolere (via Diaphana Distribution/YouTube)
•Chronique :

 

– Film inspiré de faits réels –

 

Février 1974, un an avant la loi avortement de la Ministre de la Santé, Madame Simone Veil — Étourdissant par moment — Instructif tout du long …

En regardant ce film, on découvre – pour celles et ceux qui ne connaissaient pas –  le MLAC : Le Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception… le Planning Familial d’avant en quelque sorte !
On découvre aussi que « ‎Illégal » est différent de « Clandestin » et d’où on vient dans cette quête.
Annie colère !? Un film dans l’air du temps et qui est bien au-delà de l’utile !

Combat avant et après la Loi Veil, questionnement sur l’ambiance côté accueil à l’hôpital, clause de conscience, Annie colère est un‎ film humain très technique sur l’avortement.
Il contient des propos très forts et bien que s’adressant‎ à toutes et à tous, âmes sensibles attention voire s’abstenir !
Car contrairement au très bon film L’Événement dont une scène faisait très mal, ici ce qui se dit, ce qui se passe, ce qui nous regardons, que nous entendons nous met dans un état constant d’inquiétude, de malaise, parfois de fébrilité, mais aussi de bienveillance et de respect.
Pour bien comprendre ce ressenti, je vous invite à être très attentives et attentifs à ce qui s’y dit, car pour moi, tout se trouve dans les propos qui sont très riches et détaillés.

Attention ! Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les thématiques du film ne sont pas uniquement concentrées sur les femmes, il y a aussi les hommes.
Exemple : Le mari qui poussait sa femme ne voulant plus ou pas d’enfants à ne pas prendre la pilule, ceux qui comprenaient mais…
Sans équivoque, les hommes sont présentés comme  les principaux fautifs de la position délicate des femmes. Souvent ils le sont car ou ils ne prennent pas conscience de l’état de détresse psychologique et physique de leur compagne, ou ils ne tiennent pas compte de leur envie.
Ces hommes vivent vivaient comme on les avait éduqué, c’est-à-dire avec l’idée qu’ils étaient libres de tout et que leur femme avait un travail à la fois domestique et sociétal à faire, cela malgré la fatigue et l’usure morale qu’elle vivait.
Mais parmi ces hommes, il y avait aussi ceux qui étaient dans la détresse, la détresse de ne pas savoir comment ou quoi faire dans leur comportement face au sujet de l’avortement, la détresse face la perte d’un être cher, ceux qui soutiennent leur femme et les femmes dans leur.s choix, il y a l’évocation des hommes médecins qui se sont engagé‎s dans cette cause par conviction et humanisme.

L’avortement et les hommes avec la remise en cause de leur pouvoir sur le corps de la femme, ‎Annie colère, film en deux parties, est probablement la première œuvre contemporaine très complète sur l’avortement clandestin et la condition générale de la femme à cette période. Les femmes, leur.s grossesse.s, leur vie, leur corps, leur choix, le film nous présente des nobles batailles.
La difficulté ou la gêne de dire à un médecin homme que l’on a avorté (par peur d’un jugement ou d’être cataloguée), des face-à-face pour des discussions progressistes, des combats et engagements pouvant mener à des sacrifices, présentant de multiples cas de figures, Annie colère nous apprend de manière explicite beaucoup de choses sur l’ambiance de l’époque. Mais il y en a aussi bien d’autres qui ne nécessitent pas d’explications de texte, tant les gros plans sur des visages expressifs lors d’échanges ou d’autres instants sont très éloquents.

Présentation en effet de nobles batailles ou d’un combat noble qui captive le public, ce film‎ nous montre une époque où des femmes étaient livrées à elles-mêmes, des femmes lucides sur leur capacité, des femmes qui s’aimaient elles-mêmes, aimaient les enfants, aimaient leur mari, aimaient les hommes. Il ne s’agit en aucun cas d’une œuvre féministe à charge contre les hommes.

Très technique, profondément humain, instructif, utile, le film ne fait pas l’apologie de l’avortement.
Annie colère explique intelligemment une situation passée dont les acquis sont encore en danger aujourd’hui. Il effectue cela en nous faisant vivre l’instant comme cette scène de la réalisation d’un avortement.
Paroles, bruits, chansons, cette scène est…PUISSANTE, cela vous passe dans tout le corps.

Un film engagé et politique sur la transmission, la communication, l’Information à une époque où l’Éducation sexuelle n’existait pas, en fait, Annie colère démontre que malgré une grande évolution, certaines choses concernant ce que l’on attend des femmes n’ont guère évolué, que la pression sociétale demeure, et « charge mentale » n’est que le terme contemporain pour qualifier l’état physique et mental de la femme qui sont les mêmes depuis de lustres.

Un film qui se vit grâce à une autre de ses grandes forces qui est le fait qu’il n’incite Jamais au jugement sur l’avortement clandestin, ‎Annie colère est le film fort de cette fin d’année. Il est aussi un formidable outil pédagogique – à voir et à revoir – pour adultes comme adolescentes !
À la fois un regard fort sur des femmes courageuses et établissant un état des lieux d’antan sur l’avortement clandestin qui juste avant la loi Veil montait en puissance, Annie colère est un film qui ne s’explique pas. Il s’agit d’une œuvre qui se vit, qu’il faut voir, revoir, à préconiser.

Être avenant.e, réconfortant.e, rassurant.e, respectueu.se, présent.e, le film fait comprendre que ce sont ces qualités et savoir être qu’il faut posséder présenter afin d’accompagner les femmes dans leur choix légitime – déjà à l’époque – d’avorter, choix et liberté malheureux très chahuté.e.s ces temps derniers.‎ Bonne séance !

 

 

« La Vraie révolution c’est quand les femmes connaîtront leur corps et qu’Elles décideront de ce qu’Elles veulent faire avec ! »

 

 

  • p.s :  L’ensemble du casting est au top !
    Moins explosive ou expansive, Annie colère est porté par Laure Calamy qui comme à son habitude joue juste, impressionne par son jeu impliqué (cf / le discours de son personnage si ce n’est son discours dans un parc).

 

 


 

@cineprochereviews