Alam (Le drapeau), +++-

•Sortie France le : 30 août 2023
•Synopsis et bande-annonce : alamledrapeau-vostfr (via JHR Films/YouTube)
•Chronique :

 

 

Toujours une « bonne » raison à un acte L’âge de la montée des hormones L’âge de vivre des aventures ou plutôt des opérations …

Jeunes palestiniens du 21ème siècle – issus d’un milieu pas vraiment défavorisé – en terre israélienne, avec Alam-Le Drapeau nous assistons à quelques jeux du chat et de la souris dans cette cohabitation forcée, mais surtout, on s’instruit !

« Arabes d’Israël. »
Car dans la vie qui nous a été offerte, l’option « Libre arbitre » n’est pas là pour être utilisée comme « l’est » le clignotant dans une voiture, Alam-Le Drapeau, que l’on soit concerné ou pas par son récit, si on se tient au courant de ce qui se passe au Proche-Orient, ce type d’œuvre cinématographique qui pour moi présente un état des lieux, est toujours l’occasion d’apprendre des choses sur la vie dans cette région et ce conflit qui perdure et touche des générations partout dans le monde.
« Arabes d’Israël, » le statut n’est point un privilège. Ce film nous le montre, et il le fait très intelligemment, de façon posée, sans parti pris. Il laisse chaque personne de son public se faire un jugement sur la vie et le traitement des palestiniens par les autorités israéliennes, ce qui se passe, comment les choses se vivent.

Le portrait de Tamer – un créatif dans l’âme, un modéré, un grand frère très aimé – est celui de n’importe quel jeune homme de 17 ans, mais il ne vit pas n’importe où.
Maysaá est une fille de caractère – comme la jeune fille dans l’animation La sirène – et avec les plans serrés sur son visage, on peut comprendre Tamer dans ses tourments.
Safwat, est habité par une profonde rancœur.
Trois jeunes de la nouvelle génération, un conflit régional historique qui a éprouvé bien des générations, ‎Alam-Le Drapeau, fable politico-romanesque-dramatique, c’est une toute autre présentation du conflit israélo-palestinien qui nous est proposée. Comporte un humour parfois déroutant, j’avoue avoir été parfois paumé sur qui était qui et représentait quoi, avant de me rendre compte de sa raison d’être, qui avec le recul, est bien loin – en mieux – de tout ce que je pensais.

Dissensus générationnel, même entre jeunes de la même génération pour ce qui est la façon de vivre leur Histoire passée, c’est compliqué.
Leur héritage, le fait de se laisser sombrer dans l’oubli en ne faisant pas de vagues pour certains, le fait de ne pas accepter une situation en refusant de laisser sombrer leur passé dans l’oubli, de se laisser comme endormir avec le confort relatif qui a été donné par l’autorité locale, Alam-Le Drapeau ce sont de nombreux portraits permettant d’exposer des situations complexes.

Une fête nationale de l’Indépendance d’Israël, mais baptisée : « la Nakba » par les palestiniens pour célébrer commémorer les événements de ce qu’ils appellent « La catastrophe » de ‎1948, cette fête nationale israélienne, c’est un jour de deuil pour eux palestiniens qui s’approche‎ et qui est l’instant d’une contre manifestation que ceux-ci organisent. Avec l’attitude de Tamar qui en dit long sur la façon dont certains de cette génération voit et vit ce conflit, Alam-Le Drapeau, le pourquoi « tout ça » (les drames et malheurs) qui semble marquer la fin de l’innocence ou de la non-prise de partie est je l’avoue marquant, dans son ensemble, la scène qui l’incarne est marquante.

Alam-Le Drapeau exploite les paradoxes, dont celui-ci qui est qu’être professeur d’His‎toire dans une école palestinienne en Israël et faire face à cette nouvelle génération dont certains et certaines en ont gros sur le cœur côté ressentiment, faut le vouloir !
Alam-Le Drapeau est aussi un film qui ose montrer ou dire des choses sans toutefois prendre une position frontale, ‎un film dont la profondeur réside en un plan fixe avec deux jeunes mecs dans un lit…qui discutent, et je vous prie de me croire quand je dis que dans cet échange, il y a des choses très intéressantes à entendre, donc écoutez bien. Et puis Alam, Le Drapeau, il y a les chants, des très beaux chants.
Alam-Le Drapeau est un film sobre au contenu fort (comme l’oncle, un ancien activiste brisé par des années passées dans les prisons israéliennes), à la forme limite entre la poésie et l’utopie, faussement passif, qui présente des jeunes révoltés et pacifiques se lançant dans l’aventure de la résistance.

En prenant ces jeunes qui font partie de la nouvelle génération palestinienne, le réalisateur réussit à offrir un autre point de vue sur ce conflit. Alors, cela n’est pas dans l’idée de faire prendre position, non, mais je dirais plus qu’il y a ici la volonté de faire prendre conscience qu’en ce siècle de la fameuse génération nommée « Z » , palestiniens, juifs, européens, africains, américains, asiatiques, indiens… ce sont les membres de la génération de demain, celles et ceux qui prendront le pouvoir avec des héritages bien ancrés pour certains, enfouis pour d’autres, qu’il y en a qui sont préparés à la résistance, ces mêmes qui ont l’impression qui leur est imposé de passer à autre chose car cela ne leur apporterait rien à l’exemple de leurs aïeuls, donc de se résigner à faire avec.

L’oubli forcé.
Une génération à qui il est demandé d’accepter une situation qui ne lui correspond pas et qu’elle prend comme une injustice lorsqu’elle regarde ses parents et ses aïeuls, n’est-ce pas un grand danger !?
En France, nous avons cela avec non pas les descendants‎ de la Guerre d’Algérie, mais avec sa troisième génération, celle née sur le sol français, qui a bénéficié gratuitement de ses structures éducatives, mais qui lorsqu’elle regarde ses parents et le traitement qui lui a été fait, bout de l’intérieur, rejette son pays de naissance pour se tourner vers celui de ses grands-parents, comme la énième descendance des esclaves qui n’a pas oublié et ne passe pas à autre chose, car il y a un sentiment d’injustice qui remonte encore et toujours.
Point commun entre ces deux typologies de descendants ? Ces jeunes de la nouvelle génération connaissent une histoire et rarement l’Histoire, car dans nos écoles, elles ne sont plus abordées.
À la différence des juifs qui ont décidé d’être un peuple résilient pour avancer suite à la Shoah et dont l’Histoire de leur tragédie qui est CELLE de l’Humanité est toujours enseignée, étudiée, retranscrite au cinéma, Alam-Le Drapeau pour moi pose la question des héritiers* de conflits humains, ici du conflit régional israélo-palestinien, et réussit l’exploit d’en faire un sujet universel. Il est assez philosophique en fait ce film ! Bonne toile !

 

 

  •  *Le pont en politique‎ peut s’effectuer. Car en politique aussi, il existe des héritiers et des héritières qui font le choix de l’oubli, s’échinent à forcer des personnes à oublier l’ADN de leur parti politique, les origines de leur existence, question de devenir vertueux : cf/ Front national qui après un lifting de façade est devenu Rassemblement national et prouve qu’un héritage, on en fait ce que l’on veut. Du positif, du négatif ou rien, nous héritons, donc devenons responsables de la suite, cela que nous soyons actif ou passif.‎

 

 


@cineprochereviews